Patrimoine religieux de La Roche-Derrien

L’église Sainte Catherine rappelle par son ampleur, le passé de place forte de La Roche Derrien au sein du Trégor. Cette église, dont les parties les plus anciennes datent du XIIIème siècle a été classée monument historique en 1913.

Fondée à la fin du XIIème siècle et prieuré de Saint-Melaine, l’église Sainte-Catherine de Suède fut échangée par cette abbaye à Sainte-Croix de Guingamp contre le prieuré de la Madeleine de Moncontour et l’église Saint Quirin de Coëtmieux.

En 1315, une lettre de Geoffroi Tournemine, évêque de Tréguier, prescrit des processions solennelles et accorde des indulgences pour procurer des ressources à la basilique de Notre-Dame-de-la-Roche, récemment construite à grands frais : « G., permissione divina episcopus Trecorensis, universis ecclesiarum rectoribus in civitate et diocesi Trecorensi constitutis ad quos praesentes litterae pervenerint, salutem in Domino. Quoniam, ut ait Apostolus, omnes ante tribunal stabimus Jesu Christi, recepturi prout in corporibus gesserimus, sive bonum fuerit sive malum, oportet (id est optimum est) nos diem messionis extremae bonis operibus praevenire, et seminare in terris intuitu caritatis quod valeamus recolligere, in excelsis, attendentes verissime quod qui parce seminat parce metet, et qui seminat in benedictionibus de benedictionibus metet vitam aeternam, Apostolo attestante. Cum igitur basilica Beatae Mariae de Roca, in cujus honore ecclesia Trecorensis dicitur fuisse primitus incoata, aedificari de novo cœperit opere sumptuoso reparationeque indigeat, ad cujus reparationem et sustentationem propriae, non suppetunt facultates, universitatem vestram hortamur in Domino et monemus quatinus, una cum parochianis vobis a Deo collatis, hac instanti die dominica ante nativitatem beati Johannis Baptistae, apud dictam basilicam in albis, processionaliter et personaliter accedatis, monentes parochianos vobis subditos et efficaciter inducentes ut de bonis eisdem a Deo collatis pias elemosinas et grata caritatis subsidia ad reparationem et sustentationem dictae basilicae largiantur, ut per haec et per alia bona quae fecerint, Domino inspirante, mereantur effici participes civium supernorum. Nos vero, onmipotentis Dei et beatae Mariae Virginis misericordia et beatorum apostolorum Petri et Pauli et beati Tuduali confessoris, pattroni nostri, meritis confisi, omnibus vere pœnitentibus, et confessis, qui ad tam pium opus manus porrexerint adjutrices, quadraginta dies de injunctis sibi pœnitentiis misericorditer relaxamus, praesentibus post annum minime valituris. Et in signum suscepti et exsecuti mandati, reddite litteras sigillatas. Data die tali, anno Domini M° CCC° quinto decimo “.

En 1345, le comte de Northampton, après avoir assiégé sans succès Guingamp, livra assaut à La Roche, et l’église, alors dédiée à Notre-Dame, fut endommagée. En 1376 (date inscrite sur une pierre d’angle de l’aile Sud) les seigneurs de Kersaliou ou Kersalliou (Roland de Kersalliou, époux de Méance Toupin) entreprennent l’édification de la chapelle Sud, dite ” Chapelle du Château “. Cette construction est mentionnée par une inscription gravée dans la pierre : ANNO DOM MCCC LXXVI FUND FUIT HOC OED. Une bulle de 1389 indique qu’elle avait alors besoin de grosses réparations et accorde des indulgences à ce sujet.

En 1394, le duc de Bretagne Jean V s’empara de La Roche et fit détruire le château. Le connétable de Clisson fit alors fortifier l’église pour que les marchands venant trafiquer à La Roche aient un refuge, aussi la sentence arbitrale entre le duc et Clisson, du 24 janvier 1395 (n. s.) stipulait-elle que l’église pourrait demeurer fortifiée jusqu’à la reconstruction du châtel ou des fortifications de la ville.

L’édifice actuel comprend une nef avec bas côtés de trois travées, puis un choeur avec bas côté nord de trois travées ; et, au sud, une grande chapelle privative, flanquée elle-même à l’ouest d’une autre chapelle communiquant avec elle par trois arcades et, avec le choeur par une. Il date des XIVème et XVème siècles avec quelques restes du XIIIème siècle.

En 1793, la destruction par la foudre du clocher, entraînera la destruction de la chapelle du côté Nord. L’édifice a été restauré en 1820 et en 1890, et la flèche du clocher, renversée à nouveau par la foudre en 1853, a été relevée aussitôt. Au bas de la nef le porche est accosté du clocher et d’une chapelle moderne. Une seconde chapelle sur la longère nord [Note : La chapelle du Rosaire a été reconstruite en 1894] et la sacristie sont également modernes. Le porche midi, du XVème siècle, présente des niches identiques à celles de Kermaria Nisquit, en Plouha.

L’édifice, aux dimensions imposantes (environ 35 mètres de longueur sur 30 mètres de largeur) a été classé le 4 septembre 1913.

La tourelle, à l’angle nord, du bas-côté gauche, renferme un escalier en pierre. A l’entrée de cet escalier se trouve une pierre gravée sur laquelle on distingue une épée, avec ces caractères : ” Gaufrid “. On ignore la destination de cet escalier mais on peut supposer qu’il conduisait à un souterrain placé sous l’église.

1° Le retable de la chapelle de la Vierge, dite chapelle du Rosaire, est sculpté richement. Le contour du bas de ses colonnes est couvert de petits anges soutenant des couronnes. Les chapiteaux sont d’ordre composite. Au-dessus de l’entablement est représenté le Père Eternel, entouré d’anges et plus bas le Saint-Esprit. Les statues de la Vierge et de l’ange Gabriel, étaient autrefois dans les niches qui ornent cet autel ; elles ont été remplacées par une statue de la Vierge et par celle de sainte Catherine.

2° Retable du maître-autel du début du XVIIème siècle (classé). ” Dix-neuf niches, richement ciselées, ornent le tombeau de l’autel, le pourtour et le couronnement du tabernacle : 48 colonnettes en torsade, avec vigne, cep, feuilles, grappes, épis et autres moulures séparent et décorent des médaillons répandus ça et là avec le meilleur goût et font de cet autel une véritable oeuvre d’art qu’on ne se lasse pas d’admirer ” (M. Charant). Il appartenait à la chapelle des capucins de Saint Brieuc et fut donné à Plounez par l’évêque constitutionnel Jacob. Il fut Vendu 300 francs en 1849 par le recteur de Plounez, qui l’avait trouvé dans un grenier, à celui de La Roche (l’abbé Daniel). Sur proposition du chanoine Parquer, il a été augmenté des deux niches abritant sainte Catherine et Notre-Dame des Anges, oeuvre du sculpteur lannionnais M. Le Merrer (ou Mérer).

3° Retable d’autel latéral en bois du XVIIème siècle (classé). Situé du côté de l’Evangile, il est dédié à saint Joseph dont la statue et celle de saint Eloi occupent les entrecolonnements. D’élégantes colonnes, surmontées de chapiteaux corinthiens, en soutiennent l’entablement, au-dessus duquel quatre anges supportent deux corbeilles de fleurs.

4° Retable du XVIIIème siècle d’un autel latéral. Situé du côté de l’Epitre, il s’agit de l’autel de saint Yves. Au milieu du retable est un joli tableau du saint. L’autel est terminé par un pilastre sur les deux côtés. Plus au milieu deux grandes colonnes supportent un entablement, surmonté d’un fronton, au-dessus duquel est une gloire. Les deux statues qui ornent cet autel sont celles de saint Yves et de saint Alphonse de Liguori.

5° Statues anciennes de sainte Catherine, sainte Vierge, saint Joseph, sainte Anne, saint Yves, saint Eloi (XVIIIème siècle), etc.

6° Stalles du choeur en bois, du commencement du XVIIème siècle, classées le 29 octobre 1901.

7° Cinq panneaux en bois sculpté du XVIème siècle, classés.

8° Porte de la sacristie en bois du XVIème siècle, classée.

9° Chandelier d’autel en fer forgé, fin du XVème siècle, classé.

10° Bénitier du XIVème siècle.

11° Fonts baptismaux du XVème siècle. On aperçoit sur ses faces des figures.

12° Orgues du XVIIème siècle, provenant de Saint-Brieuc et achetés par M. le curé Daniel et la fabrique le 27 septembre 1847 au facteur d’orgues Cavallier. Ces orgues furent payées 8. 000 francs. Le buf

fet date de cette dernière époque.

13° Dalle funéraire du XVème siècle portant les statues tumulaires d’un chevalier et de sa femme. Il s’agit de l’écuyer François de Kerbouric (enterré là le 19 janvier 1680, par M. Fouësou, recteur de Langoat) et de son épouse Mlle. Louise de Kersalliou (ou Kersaliou), dame de Kerbouric, demeurant au manoir de Roc’hélec’h, en Langoat). ” L’enfeu qui renferme la dalle funéraire des seigneurs de Kerbouric, s’ouvre d’un côté dans la chapelle du Rosaire et donnait de son côté fermé dans l’ancien cimetière qui entourait l’église ” (M. Charant). Le chevalier est représenté couché, en armure, les mains jointes, l’épée entre les cuisses et les pieds appuyés sur un lion couché.

14° Chaire du XVIIIème siècle.

15° Bannières.

16° Chemin de Croix.

17° Vitrail moderne de l’église représentant la reddition de Charles de Blois lors de la bataille de La Roche-Derrien en 1347. Carton de H. Magne. On y voit les armes de Bretagne, de Montfort, de Blois et de la Roche-Derrien. En partie inférieure se voit les blasons du Pape Pie XI et de l’évêque Monseigneur Serrand.